Philippe IV est plus connu sous le nom de Philippe Le Bel. Il fut également surnommé le “roi de fer”. Monarque incontournable de l’histoire de France, il monte sur le trône de France à l’âge de 17 ans en 1285. Son règne marque un tournant fondamental dans l’histoire de la royauté française. Onzième roi de la lignée des Capétiens, fils de Philippe III et petit-fils de Saint Louis, il règne sur le territoire le plus peuplé de la Chrétienté dans un contexte de prospérité économique et d’expansion du domaine royal.
Le premier souverain d’un Etat centralisé et puissant
Dès son accession au trône, il impose sa conception du pouvoir. Philippe Le Bel s’affirme comme le premier souverain d’un État centralisé et puissant. Il se détache irrémédiablement de la figure médiévale du roi féodal. Il s’appuie sur le droit romain et les légistes pour composer la nouvelle administration du royaume. Le roi s’entoure de trois conseils que sont le Grand conseil pour les questions d’ordre politique, le Parlement pour la justice ainsi que la Chambre des comptes pour les finances. Il forme les prémices des états généraux avec clergé, noblesse et tiers états réunis pour la première fois en 1302. Cette conception de l’État résolument moderne consolide la position centrale du souverain. Le roi est le maître incontesté de l’ordre temporel. Il rejette ainsi toute intervention de la papauté et entame un bras de fer avec Rome.
Son opposition au Pape Boniface VIII se fait virulente : elle atteint son paroxysme lors de l’attentat d’Anagni en septembre 1303. L’attentat est organisé par le légiste et chancelier du roi, Guillaume de Nogaret alors même que Philippe Le Bel est menacé d’excommunication. Fort de son autorité, le roi élit un pape français, installé à Avignon dès 1309.
Un roi face aux crises et aux scandales
Philippe Le Bel doit également faire face à un situation critique des finances du royaume. Il ne peut plus s’appuyer uniquement sur les revenus issus du domaine royal. Le monarque décide alors de mutations monétaires pour renflouer les caisses du royaume et prend des mesures radicales. Il déclare la confiscation des biens de certains sujets et des expulsions collectives. Cette décision concerne les Juifs en 1306, alors accusés d’usure ainsi que les marchands lombards entre 1291 et 1311.
Philippe Le Bel et les Templiers
Cette question des finances ainsi que l’opposition féroce entre le roi de France et le Pape Boniface VIII vont conduire à un des évènements les plus marquants du règne de Philippe Le Bel à savoir l’arrestation puis le procès et la disparition de l’ordre des Templiers. Le 13 octobre 1307, les Templiers sont arrêtés, accusés d’hérésie, de simonie et d’idolâtrie puis emprisonnés et torturés. Jacques de Molay, figure de proue de l’ordre, périt sur le bûcher en 1314. Les biens confisqués sont redistribués à l’Ordre des Hospitaliers en échange d’une compensation payée à la couronne de France. Sur le bûcher, Jacques de Molay maudit les rois capétiens jusqu’à la treizième génération.
Le scandale de l’affaire des brus
Comme un écho à cette malédiction, l’Affaire des Brus connue, sous le nom de l’Affaire de la Tour de Nesle, éclate au grand jour peu de temps après. Cette histoire d’adultères est dénoncée par Isabelle, fille de Philippe Le Bel et reine consort d’Angleterre. Cette dénonciation aboutit à l’exécution des amants des belles filles de Philippe Le Bel. Si cette affaire est au départ d’ordre privé, elle devient affaire d’Etat et vient fragiliser la dynastie capétienne. Elle semble être un signe avant-coureur de la disparition, quelques années plus tard, de cette branche directe des Capétiens. Il est même évoqué que ce scandale aurait accéléré le décès de Philippe IV en cette fin d’année 1314.