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Quels sont les trois régimes politiques de Rome ?

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La Rome antique a traversé les âges et nous a légué son héritage inestimable de la littérature aux monuments en passant par les arts et les grandes figures célèbres. La ville éternelle occupe une place bien particulière dans l’imaginaire collectif. Mais saviez-vous que son histoire mouvementée est indissociable des régimes politiques qui se sont succédés au cours des siècles précédent notre ère ? Nous avons essayé en quelques lignes de dessiner les traits les plus marquants de ces régimes politiques de Rome dans l’Antiquité que sont la monarchie, la République et l’Empire.

Rome et la monarchie

Aux origines le mythe fondateur

Il faut remonter au mythe fondateur de la cité pour comprendre l’instauration de la monarchie romaine qui régit la vie de la cité pendant plus de deux siècles.

Descendant du troyen Enée qui migre sur les bords du Tigre à la fin de la guerre de Troie, fils de la vestale Rhea Silvia et du dieu Mars, Romulus est désigné par le sort comme fondateur et roi de la nouvelle ville créée sur le Palatin, ce lieu qui vit s’échouer son berceau qu’il partageait avec son frère Remus, ville du nom de Rome. Le premier des régimes politiques de Rome est donc la monarchie.

Romulus devient le premier roi de Rome et règne de 753 à 715 av. J.C. Il dote la cité d’un Sénat de cent patres et de ses premières institutions. Il doit également veiller au peuplement de la ville. Cette cité est devenue le refuge des hommes libres, mais un déséquilibre démographique se fait rapidement ressentir : il n’y a que très peu de femmes à Rome.

Le conflit entre Romains et Sabins suite à l’enlèvement des Sabines pour peupler la ville aboutit à la fusion de ces deux peuples en un peuple unique. Romulus divise alors le population en curies, au nombre de 30 réparties en trois tribus : 

  • Les Ramnes
  • Les Tities
  • Les Luceres

Le système de tribu devient un pilier de l’organisation civique et politique de la cité. Cette organisation a donné naissance aux comices tributes.

La dynastie des rois étrusques

En 616 av JC, un coup d’Etat porte au pouvoir Tarquin l’Ancien, tuteur des enfants du roi défunt Ancus Martius. Tarquin l’Ancien est étrusque, le premier des trois étrusques qui règnent sur Rome entre 753 et 509 avant JC.  Son action sur la cité est remarquable :

  • Il intervient dans l’aménagement urbain. Tarquin l’ancien crée les égouts et fait construire le Forum et Temple de Jupiter Capitolin
  • Il double le nombre de sénateurs
  • Il renforce l’armée

Servilius Tulius lui sucède, porté au pouvoir après l’assassinat de Tarquin l’Ancien. Il met en place une division du peuple en classe, au nombre de 5. La Constitution servienne instaure ainsi un système basé sur la fortune qui donne naissance aux comices centuriates. Cette organisation répond avant tout à un besoin militaire: il facilite l’intégration de nouveaux citoyens tout en favorisant la prédominance des plus riches.

Il est assassiné par son propre gendre et successeur : Tarquin Le Superbe. Ce dernier règne entre 534 et 509 av JC. Sa pratique du pouvoir s’appuie sur l’arbitraire et la violence. Les romains le chasse du pouvoir et le peuple se soulève, emmené par Brutus, homonyme de l’assassin de Jules César quelques siècles plus tard.

La République romaine

L’avènement de la République romaine, l’émergence d’un régime politique collégial à Rome

La République est alors proclamée en 509 av JC. Le pouvoir politique devient collégial et marque la défiance des romains à l’égard d’un pratique personnelle du pouvoir. Le second des régimes politiques de Rome est donc la République. L’organisation politique se construit sur cette défiance : 

  • 2 consuls élus chaque année détiennent les pouvoirs politiques et militaires
  • Des magistrats dédiés ainsi qu’un prêtre unique se partagent le pouvoir religieux

Toutefois, le pouvoir est confisqué par les patriciens. Les grandes familles aristocratiques qui possèdent alors la richesse foncière, le pouvoir politique, militaire, judiciaire et religieux. C’est une République aristocratique. Mécontente, la plèbe fait sécession, et obtient l’institution des tribuns de la plèbe. En 367 av JC, les plébéiens obtiennent le partage du consulat lors du plébiscite licinio sextien : un consul est issu de la plèbe et un autre est issu des grandes familles. Entre le IVème et IIIème siècle avant JC, les institutions de la République romaine atteignent leur maturité.

Les événements marquants de la République romaine

L’ère républicaine est marquée par des événements décisifs dans l’évolution de cette cité Etat devenu empire territorial. En voici quelques uns :

  • La guerre contre Véies qui permet de doubler le territoire de Rome en 396 avant JC
  • Le sac de Rome par les Gaulois de Brennus en 390 avant JC
  • La loi des Douze tables entre 451 et 449 avant JC comme premier corpus romain de lois écrites
  • La sécession de la plèbe et les lois licinio-sextiennes
  • La conquête de l’Italie puis du bassin méditerranéen
  • Les guerres puniques
  • L’organisation des territoires avec les colonies et les municipes

Les crises de la République romaine, régime politique vacillant

La République romaine traverse des crises structurelles au cours du Ier siècle avant J.C. La guerre sociale qui oppose les socii aux romains cristallise les fragilités de la puissance expansionniste romaine. La mise en place et l’enracinement de la République sont concomitants des conquêtes territoriales de l’Italie puis de l’ensemble du bassin méditerranéen par les forces romaines. Ces conquêtes ont pour conséquence de rompre l’équilibre républicain romain et entraînent des dérives liées à la pratique du pouvoir. Apparaissent alors les ambitions personnelles et la personnalisation du pouvoir. Rome s’enfonce au Ier siècle avant JC dans des guerres civiles fatales à cette République aristocratique romaine. La fin de la République est marquée par l’assassinat de Jules César lors des ides de Mars en 44 avant JC et l’avènement du principat en 27 avant JC lorsqu’Octavien reçoit le titre d’Auguste.

L’Empire romain

La personnalisation du pouvoir, la systématisation du recours à la force en politique, les conséquences durables des conquêtes territoriales romaines sur les pratiques politiques, les inégalités et la question agraire précipitent la fin de la République romaine et balaie le principe de collégialité. C’est Octavien qui va entériner ce changement profond dans la nature du pouvoir romain.

L’année 27 av JC marque l’avènement du principat augustéen et donc de l’Empire. Attention toutefois, il ne faut pas se leurrer. Dans le droit, il n’y a aucun changement de régime : l’Empire n’existe pas en tant que tel dans le droit romain. C’est un régime de fait. Le troisième des régimes politiques de Rome est donc l’Empire. Et c’est là toute la subtilité d’Octavien qui reçoit le titre d’Auguste du Sénat. Afin de ne pas reproduire les erreurs de son oncle et père adoptif Jules César, Octavien respecte en apparence les tabous des pratiques politiques romaines et les institutions traditionnelles. Il se méfie voir refuse les marques d’honneur qui pourraient donner l’impression qu’il accapare le pouvoir. Il refuse toute ambiguïté avec la monarchie et refuse la dictature. 

La concentration du pouvoir autour de la figure impériale

Pour autant, dans les faits, il s’accapare progressivement l’ensemble des pouvoirs et cela de manière tout à fait légale : 

  • 28 av JC : Octavien reçoit du Sénat le titre de princeps senatus, le premier des sénateurs, qui donne son nom au principat. C’est un nouveau régime politique dans les faits.
  • 27 av JC : il reçoit le titre d’Auguste qui lui confère le prestige religieux. Il est désormais désigné en tant qu’Auguste sur les bâtiments, dans les documents officiels et sur la frappe de monnaie. Il reçoit également l’imperium pro-consulaire qui lui octroie le commandement sur les légions des provinces non pacifiées aux frontières de l’empire. 
  • 23 av JC : il reçoit la puissance tribunitienne, c’est-à-dire les pouvoirs des tribuns de la plèbe. En effet, adopté par le patricien Jules César, il ne pouvait prétendre à ces pouvoirs. Il peut donc maintenant s’opposer aux décisions des autres magistrats et empêcher la consultation du Sénat. Grâce à cette tribunitia potestas, il se place dans l’héritage des populares, défenseurs du peuple contre les abus aristocratiques. Cela explique notamment le soutien populaire à ce nouveau régime.

Il ne supprime pas les magistratures mais les vide totalement de leur essence. Il court-circuite le système traditionnel en donnant l’impression de le respecter.

La mise en place d’une administration impériale structurée

L’organisation politique se met progressivement en place autour de la figure du princeps avec les bureaux centraux et le conseil du prince. L’administration de l’empire se structure autour de plusieurs ordres :

  • L’ordre sénatorial
  • L’ordre équestre
  • L’ordre des décurions

Le statut politique prime sur tout le reste. Ces trois ordres principaux ne doivent pas faire oublier les affranchis dont le statut relève du droit et qui prennent une place grandissante dans l’administration de l’empire ainsi qu’un poids économique non négligeable.

La pratique du pouvoir se concentre autour de la figure centrale de l’Empereur avec l’instauration plus ou moins aboutie d’un système dynastique jusqu’à la disparition de la dynastie des Sévères. 

Les régimes politiques de Rome sont complexes et intimement liés à l’histoire de la cité Etat devenu Empire. Il faut toutefois être vigilant quant à la lecture qu’on peut faire de ses régimes et se replacer dans le contexte de l’époque afin de ne pas en donner une interprétation trompeuse. Par exemple, saviez-vous que Jules César n’avait jamais été empereur ?

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