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Qui est Charles le Chauve ?

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Charles le chauve est roi de Francie occidentale, ce territoire à l’origine du royaume de France. Il règne pendant plus de 30 ans  entre 843 et 877, il est également empereur d’occident à la toute fin de son règne. Mais pourquoi alors est il si méconnu ? Charles II dit le chauve est éclipsé des livres d’histoire par son illustre grand père dont il a hérité le prénom. Car oui Charles le chauve est le petit fils de Charlemagne. 

Son surnom fait d’ailleurs sourire, lui ôtant quelque peu le prestige de la fonction royale. est il vraiment chauve ? Il faut savoir que dans la tradition franque les rois ont l’obligation d’avoir les cheveux longs. Mais Charles fait une exception au cours de son règne pour marquer sa soumission à l’Eglise. En effet lors de la consécration de l’abbaye corneille de Compiègne par le pape Jean VIII en 867, Charles se rase le crâne. Ce bref épisode lui laissera outre sa tonsure, un surnom passé à la postérité.

La jeunesse de Charles Le Chauve

Mais pour mieux comprendre ce roi méconnu, revenons au début de l’histoire. 

Charles le chauve est le petit dernier du roi Louis Le Pieux, fils de Charlemagne. Il naît en 823 et est issu de la seconde union de Louis le pieux avec Judith de Bavière. Dès l’âge de 7 ans, il se voit confier au précepteur Walafrid Strabon, un poète prolifique de l’époque carolingienne, également homme d’église, botaniste et diplomate. A ces côtés, le jeune Charles s’imprègne du mythe impérial et s’éprend de culture. Il devient un jeune homme cultivé, il se passionne pour les arts, pour les lettres et pour la théologie.

Il est le favori de son père au grand damne des trois premiers fils de Louis le pieux.  En effet, Louis le Pieux dote richement le jeune Charles au détriment de ses aînés. Alors qu’il est à peine âgé de 6 ans, Louis le Pieux le fait duc d’Alemanie en 829. L’Alemanie couvre l’Alsace actuelle, la Rhétie et une partie de la Bourgogne. 

En 832, alors que son fils n’est âgé que de 9 ans, il fait Charles roi d’Aquitaine au détriment de son premier fils Pépin 1er d’Aquitaine.  

Mais ces faveurs sont brutalement interrompues lorsque Louis le pieux est déposé par les évêques et ses 3 aînés Lothaire, Pépin et Louis le Germanique. Charles est alors enfermé dans un monastère dont il ne sort que lorsque son père retrouve le trône en 834. Louis Le Pieux reprend alors son partage du royaume en faveur de son cadet. Il le couronne roi en septembre 838 et lui octroie ensuite le Maine puis l’Aquitaine à la mort de Pépin en décembre 838. L’année suivante, lors de l’assemblée de Worms, le jeune Charles récupère une large partie de la Francie occidentale : elle s’étend sur un vaste territoire, entre la Meuse et la Seine, une partie de la Bourgogne, la Provence, la Neustrie, une partie de la Bretagne l’Aquitaine et la Gascogne. 

Les querelles de succession et le Traité de Verdun

Ce favoritisme affiché par Louis le Pieux est à l’origine de l’incapacité de ses fils à s’entendre politiquement et des conflits de succession qui vont émailler le royaume à la fin du règne de leur père. Au décès de ce dernier, les frères prennent les armes et s’affrontent pour la domination de l’empire. Charles s’allie à son frère Louis le Germanique. Les deux battent Lothaire 1er et Pépin II fils de Pépin 1er lors de la bataille de Fontenoy-en-Puisaye en juin 841. L’alliance entre Charles et Louis le Germanique est définitivement scellée lors des serments de Strasbourg le 14 février 842. Imaginez ces deux rois se prêter serment devant leurs troupes forts de leur victoire éclatante à Fontenoy-en-Puisaye. C’est un serment collectif puisque les troupes s’engagent également dans cette alliance militaire : elles prêtent serment de ne pas suivre le roi qui trahirait sa parole.  L’un prononce son discours en langue romane, l’autre en langue tudesque afin d’être entendu par les troupes alliés. Ces serments sont conservés dans une Histoire écrite par Nithard, abbé et homme d’histoire à la demande de Charles Le Chauve. Ces documents fondent en quelque sorte l’acte de naissance de la langue française dans un document officiel avec une telle portée politique et historique. 

En 843 intervient le partage de Verdun. Il permet de résoudre les tensions autour de la succession de Louis Le Pieux et de mettre d’accord les 3 frères encore vivants. Charles récupère alors la Francie Occidentale. 

Charles Le Chauve et les Bretons

Pourtant le roi a encore fort à faire à l’Ouest pour asseoir son autorité royale. Il doit gérer les prétentions des bretons. Une période de conflit s’ouvre et s’étend plus de 10 ans, jusqu’en 854. Après de premiers affrontements en 843 , le roi concède la souveraineté sur la Bretagne à Nominoë. Mais les Bretons ne s’en contentent pas : ils mènent des raids en francie occidentale à partir de 849 et s’emparent des villes de Nantes et de Rennes. Sèchement battu par Erispoë lors de la bataille de Jengland le 22 août 851,Charles se voit contraint lors du traité d’Angers de concéder Rennes et Nantes à Erispoë. Il lui concède le titre de roi en échange de l’hommage. Mais la perte des territoires ne s’arrête pas pour autant. Charles perd encore une partie de ses terres au profit des bretons en 867 lors du traité de Compiègne puisqu’il concède le Cotentin et l’Avranchin au roi Salomon. 

Les raids vikings et l’invasion de la Francie par Louis le Germanique

Les frontières sont menacées, les terres pillées, les vassaux s’émancipent : le roi Charles connaît un règne mouvementé. Mais c’est de son royaume que va venir la trahison la plus dure. Son incapacité à contenir les invasions et les pillages vikings va conduire les grands du royaume à faire appel à Louis le Germanique. Ce dernier n’hésite pas à rompre son serment et à envahir le royaume de son frère. 

Depuis 840, les raids vikings se multiplient dans le royaume de Francie : ils pillent Nantes en 843 assiègent Paris en 845 ; pillent Bordeaux en 848. Après une période plus calme, les incursions reprennent : ils assiègent deux nouvelles fois Paris entre 856-857 et en 861. Malgré les larges rançons versées par le roi, les Vikings reprennent toujours leurs incursions mortifères. Les grands du royaume menés par Robert le Fort font appel à Louis le Germanique. Ce dernier quitte ses terres à l’automne 858 et envahit la francie occidentale. Trahis par ses propres vassaux qui prêtent hommage à son frère, Charles n’a d’autres choix que de se réfugier en Bourgogne. Mais grâce à l’autorité de l’Eglise, il parvient à s’imposer face aux ambitions de son frère: Réunis à Reims sous l’égide de l’archevêque Himcar de Reims, juriste et conseiller de Charles, les évêques ordonnent à Louis de se retirer, ce qu’il fait ! 

Charles en profite pour réunir ses troupes et poursuivre son frère qui quitte définitivement le royaume face à l’armée royale.

Charles le Chauve couronné empereur  

Les ambitions de grandeur ne sont pas contrariées par ces revers militaires et les trahisons en son royaume. En 869, à la mort de Lothaire II, il se fait couronner roi de Lotharingie. Il doit cependant concéder une partie de ce territoire à Louis le Germanique ors du traité de Meersen en 870. Il récupère tout de même lors de cet accord le nord de la provence  domaine avec l’Italie de l’empereur Louis fils de Lothaire 1er.

En 875, à la mort de son neveu Louis II, héritier du trône impérial et des royaumes d’Italie et de Provence, Charles le Chauve se rend à Rome et se fait couronner empereur par le pape 75 ans jour pour jour après son illustre grand-père Charlemagne.

Il retourne en Italie deux ans plus tard pour porter secours au pape face aux sarrasins et meurt d’une pleurésie sur le chemin du retour. 

L’héritage de Charles Le Chauve

Son règne mouvementé et marqué par les actions militaires ne doit pas occulter certaines décisions qui ont marqué le temps long de l’histoire. Par exemple, il fonde en  864 par l’édit de Pîtres, la Monnaie, l’une des plus anciennes institutions françaises qui existent encore aujourd’hui. C’est une des plus vieilles entreprises au monde. Elle existe toujours actuellement, c’est l’institution monétaire nationale de la France.

Le capitulaire de Meerssen de 847 marque les débuts de la féodalité avec l’idée de vassalité : le roi invite tout homme libre à se choisir un seigneur, que ce soit le roi ou un autre seigneur. 

De même, lors de son dernier voyage italien, il signe le capitulaire de Quierzy qui instaure dans la loi l’hérédité de la charge de comte et des honneurs, à l’origine du système féodal si caractéristique du moyen âge central.

Roi aux ambitions impériales, en recherche de légitimité face aux agressions extérieures et aux grands de son royaume, il parvient mal an bon an à maintenir une relative cohérence au sein de son royaume, sûr de la sacralité de sa tâche. Pour autant ses décisions politiques participent à la montée en puissance des grands, à l’avènement des principautés territoriales et de la féodalité.

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